« C’est bon, arrête de tout prendre pour toi. Va fumer une cigarette et prendre l’air, ça te fera du bien. »

J’ai longtemps hésité à écrire ce témoignage. C’est toujours un peu difficile de parler de soi en publique, surtout pour parler d’une situation que même nos amis les plus proches supportent à peine et qui nous touche. Mais je me lance, j’imagine que certains se reconnaîtront dans mon récit. Peut être même que vous en avez déjà du même genre, je ne les ai pas tous lu.

Commençons par cadrer l’histoire :

Mon enfance a été chaotique sur le plan familial, mais je ne rentrerais pas dans les détails, là n’est pas le sujet. Je dirais simplement que le problème était d’ordre psychologique et affectif. Ce chaos dans ma vie m’a conduite à un mal être persistant dont je souffre encore aujourd’hui.
J’ai commencé à piquer de la nourriture dans les placards à l’âge de 6 ans. Pourtant, malgré les problèmes financiers de l’époque, j’ai toujours mangé à ma faim, l’avantage de grandir à la campagne. Le problème était ailleurs, il marquait déjà un sérieux problème psychologique. Au fil des années, j’ai présenté tous les signes de la boulimie, variable selon les périodes de ma vie, que je combats toujours.
Les premières pensées suicidaires me sont apparues à l’âge de 8 ans, après un événement traumatisant et ne m’ont jamais quitté. Sans cesse rejetée, dénigrée et moquée de part et d’autre, j’ai poursuivit mon adolescence avec ces « idées » persistantes. Encore aujourd’hui, je dois apprendre à vivre avec car je sais qu’elles ne partiront jamais. C’est presque devenu un réflexe pour moi, de songer à la mort quand ça ne va pas.
Vous vous en doutez peut être, j’ai bien entendu fait une fugue lorsque j’étais au collège, qui s’est suivie par des tentatives de suicides tout au long de ma vie, 3 pour être précise. Ha qu’ils me font rire les gens qui jugent cet acte, considéré comme lâche ou égoïste. Mieux, paraitrait même que quand on se rate, c’est qu’on en avait pas vraiment envie. Ben voyons ! Z’avez déjà essayé ? Mais passons…

C’est dans cette ambiance morale que j’ai commencé mon parcours professionnel. Contrairement à certaines personnes, je n’ai jusqu’ici jamais eu de problèmes pour trouver un emploi. Mais quel emploi…

A l’approche de mes 18 ans, alors que je vivais depuis peu seule avec ma mère, j’ai dû commencer à travailler pendant les week-end et les vacances scolaires. Le deal était que je finançais moi-même mon permis de conduire et elle me payait ma première voiture. 4 mois avant mes 18 ans, j’ai donc commencé à travailler comme caissière, alors que j’étais encore interne au lycée (en première, puisque j’avais redoublé ma seconde). Caissière au passage à l’euro, c’était sportif ! 6,55957F = 1€, je ne l’oublierai jamais. Le plus compliqué, ce sont les clients, pas toujours aimables, avec les traditionnels remarques désobligeantes. « Tu vois, si tu ne travailles pas bien à l’école, tu finiras comme la dame » a-t-on dit devant une de mes collègues qui avait pourtant un diplôme supérieur en poche. Et puis il faut sourire, même quand tu n’en as pas envie. Mon patron était plutôt gentil mais le travail lui était harassant. Nous devions passer un certain nombre d’article à la minute (en moyenne), passer les articles lourds à la main, car les scans n’existaient pas encore, et compter les caisses tous les jours… à la main ! Cette première expérience professionnelle commençait mal. Pour chaque jour travaillé, comptez 45 min offerte à l’employeur : 15 min avant, le temps de préparer la caisse et 30 min, après pour compter l’argent de la caisse. Parce que la caissière est payée, comme beaucoup d’autres boulots, le temps qu’elle est sur son poste. Le travail annexe lui compte pour du beurre mais est obligatoire.

L’année suivante, lors de ma terminale, j’avais permis B et voiture. Venant de la campagne, je n’avais pas moins de 50 km pour me rendre au lycée, 35km pour aller travailler. Et si je voulais voir mes amis, comptez 20 à 60 km. Une voiture était donc indispensable. Sauf que, un peu avant mes 18 ans, ma mère me dit « maintenant tu travailles et tu as ton numéro de sécu. Tu dois être totalement indépendante. » Traduction, tu vas payer tout ce qui te concerne. Comme je vivais encore chez elle, cela concernait seulement la voiture. Donc youpi, j’avais ma voiture mais je devais me débrouiller seule pour l’essence, les réparations, l’assurance,… Donc rebelote, pour un emploi pendant ma période scolaire. cette fois ci je travaillais dans une usine de conditionnement de viande de dinde, tous les samedi. Aujourd’hui, je suis végétarienne… Le travail n’était pas trop mal payé, nous avions des primes pour le temps de change (comptez 20 min matin et soir) et d’entretien. Sauf que, j’avais un contrat du genre bouche-trou. Je m’explique. Suivant les commandes que l’entreprise avait à répondre, nos horaires de travail étaient variable d’un samedi à l’autre. Parfois, je ne travaillais que 5h. A l’approche de noël, je pouvais travailler 11h la même journée, plus de 12h de présence dans l’entreprise. Parallèlement, je passais ma semaine au lycée et devait avoir le temps et surtout l’énergie de réviser mon bac. Je m’endormais en cours. Les profs les plus sympa me suppliaient d’arrêter de travailler tous les week-end, j’étais épuisée. Mais comment aurais je pu faire sans cet argent, sans cette voiture qui représentait ma liberté ? J’ai finalement eut mon bac de justesse grâce à une option facultative de théâtre et au TPE, pour ceux qui l’ont connu. Mais je m’en fichais, bientôt, j’allais enfin quitter la maison.

Avant même d’avoir les résultats du bac, j’ai enchaîné pendant les vacances scolaires. Pendant 1 mois, j’ai été embauché pour faire l’éclaircissage des pommes. L’entreprise avait été contrainte de recruter car « l’éclaircissage chimique n’a pas marché ». Petit haut le cœur… Vive le bio ! Comme c’était le fameux été 2003 avec sa légendaire canicule, nous bossions le matin, par tous les temps. Je me souviens d’une journée, 7h de pluie, 4h d’orage et tout ça avec seulement 30 min de pause pour manger.
Une semaine de répit et ça repart pour le mois d’Aout. Cette fois ci, j’ai eut l’occasion de travailler avec une association, comme animatrice pour adultes handicapés. Principalement des personnes vivants en foyer. Notre job était de les emmener sur leur lieux de vacances et de leur faire passer un bon moment. Je n’avais, et n’ai toujours pas, le BAFA. Pour les adultes, ça ne compte pas. Cette expérience m’a plu, malgré ses difficultés et j’ai poursuivit lors de mon année de fac. J’ai fait environ 8 séjours adaptés en tout, allant d’une semaine à un mois. Pour ma part, j’étais avec ce que l’on appelle des « handicapés légers », donc seulement 2 animateurs pour 7-8 vacanciers. Ce boulot était très prenant et ne se faisait que pendant les vacances scolaires. Quand on partait, c’était pour du 24h/24, 7j/7, payé 25€ brut/jour. Oubliez les jours de repos, on se repose après le contrat. Il fallait tout faire : toilette, prise de médicaments, repas, activité, ménage, lessive, course, gestion du budget, élaboration des menus, conduite du minibus,… Et tout ça, en restant attentif aux problèmes de chacun, les handicaps étant mélangés. Mais là encore, je m’en fichais car, pour une fois, j’étais dans mon élément. Le problème c’est qu’à deux ou même trois animateurs, il fallait avoir confiance en son collègue, pas le choix. Mais quand le collègue est incompétent ou qu’il t’explique clairement que lui est là pour passer des vacances au frais de la princesse, ça met un peu les nerfs. En gros, débrouille toi toute seule.

Arrivée à la fac, ma mère à élargit son concept d’indépendance au maximum. Je devais tout payer : mutuelle, frais de voiture, logement, nourriture, scolarité, téléphone… Et tout ça avec les bourses. A l’époque, je touchais le maximum, soit 395€/mois et un peu d’argent que me donnait mon père. Autrement dit, impossible de continuer les études sans travailler à côté. J’ai continué mon travail d’animatrice pendant les vacances, la première année, et dû lâcher ma voiture par manque de moyen. Mais voyant que la fac n’était pas pour moi et que j’avais échoué aux examens même en révisant, j’ai changé mon fusil d’épaule. La secrétaire de la fac le savait parfaitement, lorsque je me suis réinscrite l’année suivante, ce n’était pas pour aller en cours. L’idée était de travailler et de toucher les bourses en même temps, il suffisait juste de se présenter aux partiels deux fois par an. L’idée n’était pas de profiter du système pour m’en mettre plein les poches. J’avais fait ça car je ne savais pas si j’allais pouvoir trouver du travail, ni combien de temps allait durer les contrats. Le RMI étant à l’époque pour les moins de 25 ans, j’en avais 20. Les bourses me permettaient d’assurer un minimum pour au moins pouvoir payer le loyer quoiqu’il arrive. Des petits boulots ? En veux tu en voilà. Équipière polyvalente en restauration rapide, femme de ménage dans une chaine de boulangerie, vendeuse, serveuse, inventaire,… Et tout à temps partiel ! Contrat de courte durée, ou alors dans des conditions et une ambiance de travail qui n’appellent pas à rester. J’ai arrêté de « fêter » mon CDI au bout du troisième.

Puis, vient le moment tant recherché en 2006, celui d’un vrai contrat à temps complet. Et pour la toute première fois, j’avais droit à des congés payés. Des vrais jours de repos rémunérés, pas ceux qui apparaissent sur la fiche de paie à la fin d’un contrat. J’ai été recruté pour faire un boulot bien ingrat, téléconseillère. Mais ce n’est pas à l’entreprise, d’un grand groupe spécialisé dans la mode à l’époque, que j’ai dû adresser mon CV dans un premier temps, mais à un centre de formation adulte. Le contrat proposé était un contrat de professionnalisation qualifiante (non diplômante). Nous étions payé 80% du SMIC pour seulement 2 jours d’absence par mois. Ces deux jours étaient passés au centre de formation, où on tentait de nous apprendre à être de bon téléconseiller. Je passerais sur les compétences et la pertinence de la formation en elle-même. A cela, nos heures étaient annualisées, c’est à dire que les 35h étaient calculées sur l’année entière. Ha que j’en ai fait des semaines de 40h, consécutives pendant des mois, et tout ça sans heures supplémentaires ! Les horaires changeaient toutes les semaines sans possibilité de négocier. C’est comme ça que tu te retrouve à travailler en 16h-22h une semaine et 8h-16h la suivante. Au niveau sommeil, je ne tenais pas le rythme. Sitôt que je commençais à m’habituer qu’il fallait changer. Ce contrat de professionnalisation, une belle arnaque légale, a duré pendant un an. Période que nous devions finaliser par des pseudos examens que tout le monde a obtenu. A cette issue, nous devions recevoir une attestation pour certifier de l’obtention de cette qualification, attestation que j’attends encore 10 ans après.

La petite blague pas drôle, c’est que quand nous sommes passés ensuite sur un contrat standard CDD puis CDI, notre ancienneté ne comptait pas. Nous n’avions droit à aucun des maigres avantages dont bénéficiaient les autres employés au bout de 6 mois d’ancienneté, alors que nous y avions passé un an à moins de 800€ par mois. J’étais dégoutée…
Mieux, nous avions des discours tout prêt que nous devions dire à certaines heures de la journée, et ce, sur les deux services que j’ai fait. Nous devions mentir aux clients, prétextant une mise à jour informatique pour demander aux clients de rappeler plus tard dans la journée. Pour quel motif ? Trop d’appels par rapport aux nombres de conseillers sur le plateau. Sur l’un c’était entre 21h et 22h, pour l’autre entre 7h et 8h. Je ne pouvais cesser de me demander pourquoi ils ouvraient les services dans ces conditions, de nous faire travailler inutilement, plutôt que de revoir les horaires d’ouverture à la clientèle. Pour les conseillers tout était chronométré. La moyenne nous donnait des statistiques sur lequel nous étions évalué. L’entreprise nous demandait une moyenne de 5 min par appel, 2 min après appel (y compris les pauses pipi),.. Moi, je n’étais jamais dans les « stats », surtout pour les ventes. Mais visiblement, mon atout était plutôt la qualité à la quantité.

L’entreprise de sous traitance qui nous avait recruté par ce contrat, nous avait réparti dans plusieurs services, puisqu’elle travaillait en externe pour une dizaine d’entreprises différentes. Pour ma part, j’étais placé en service client d’un grand opérateur mobile. Je détestais ce service et plus encore, mon équipe. Mal dans ma peau, j’étais considérée comme la pauvre fille. Je me suis vu passer des journées entières sans que personnes ne m’adressent la parole et à manger seule. Mais les chefs d’équipe n’étaient pas plus malins. Je me souviens d’un jour, où ça « pétait d’appels ». Le client avait un temps d’attente moyen de 20 min avant de parler à un conseiller et, à l’époque, il était payant. Vous vous doutez l’état d’énervement dans lequel les clients étaient avant même de nous présenter… Après 20 min d’attente, le client ne se voyait accorder que 5 min de notre temps. C’est ça l’esprit commercial ? Ce jour là, un superviseur est passé, dans ce que l’entreprise appelait fièrement « l’open space », en criant « TOUS AUX APPELS ! « . Le client que j’avais en ligne au même moment me dit « ben dites donc, il y a de l’ambiance chez vous ». J’avais honte.
Là encore, la totalité du temps de travail n’était pas rémunéré, puisque nous étions payés au moment où nous prenions le premier appel. Comme tout était informatisé, c’était facile de vérifier. Tous les jours, les 20 premières minutes pour ouvrir les différents logiciels, avec lesquelles nous devions jongler à l’époque, sur des ordinateurs aussi vieux que mes parents, était offerte gracieusement à l’entreprise. (Ceci dit, le logiciel unique utilisé aujourd’hui ne laisse plus aucune marge de manœuvre au conseiller pour résoudre les problèmes.) Et, histoire de bien nous arnaquer jusqu’au bout, nous n’avions pas droit aux mêmes avantages que les vrais employés de la boite, ceux de la maison mère, pour exactement le même travail. Nos primes étaient ridicules, nos conditions de travail bien moins bonne, l’organisation différente,….

Je suis ensuite, avec un grand soulagement, passée sur le service d’un grand groupe fournisseur d’énergie, tout en restant dans la même entreprise. L’anecdote comique était le secret de l’entreprise. Dans leur gros contrat d’entreprise, le fournisseur d’électricité et le fournisseur de gaz ne voulaient pas être prit en charge par le même sous traitant, c’était inclus dans les contrats avec la boîte. Et comme c’était le cas pendant au moins un an, nous avions ordre de nous taire sur le sujet, surtout lors des audits qualités réalisés par le groupe lui même. L’ambiance d’équipe était nettement meilleure, je revivais. En revanche, l’amplitude horaire passait à 7h-23h, toujours en changeant toutes les semaines, avec seulement un samedi sur 4 de libre et sans tarifs de nuit (qui commençait à 23h).
En revanche, c’était n’importe quoi en terme d’organisation, le service venant tout juste d’ouvrir. Lorsqu’un client souhaitait payer sa facture par carte bancaire directement avec le conseiller, il devait donner ses numéros de carte pour que le conseiller les rentre soit-disant dans un logiciel de paiement. Sauf qu’à l’époque, l’entreprise ne faisait pas confiance à ses employés et nous demandait, pour chaque paiement, d’aller le faire faire par un chef d’équipe. Je n’avais jamais vu ça. Nous devions littéralement suivre à la trace les rares chefs d’équipes présents, afin qu’ils le fassent au plus vite pour ne pas trop faire attendre le client. Il fallait bien lui dire si le paiement avait été accepté ou non. C’était du grand n’importe quoi et ce n’est qu’un exemple.

Mais un jour, alors que j’étais au plus mal, un client a fait mouche. Vendredi soir 21h, un 5 décembre, un homme m’appelle en m’expliquant qu’il a des retards de factures en lien avec son divorce, qui l’avait conduit à être coupé dans la journée. Il paie immédiatement et m’explique qu’il faut venir le rétablir au plus vite, puisqu’il a ses enfants pour le week-end. Une fois encore, j’ai eut honte de devoir lui expliquer la suite :
 » – Monsieur, les techniciens vous rétabliront lundi entre 8h et 17h. Il n’y aura pas de rétablissement dans le week-end.
– Vous vous moquez de moi, je viens de vous payer à l’instant.
– Là n’est pas le problème monsieur, les techniciens ne rétablissent pour impayé qu’en semaine.
– Et le service d’urgence il sert à quoi ? Je fais quoi avec mes gamins ? Je n’ai ni chauffage, ni frigo, ni cuisson, ni télé, ni eau chaude. On est le 5 décembre quand même !
– Je suis désolée monsieur, le service d’urgence ne se déplacera pas pour ça, même si je les appels. C’est uniquement pour les problèmes techniques. La seule chose que je puisse faire c’est de convenir d’un rdv pour lundi, s’il reste de la place dans l’emploi du temps des techniciens.
– C’est n’importe quoi. Vous savez quoi ? Ce soir en rentrant, vous regardez les infos. Vous y verrez ma mort à la télé… »
Le pauvre homme a raccroché, lui aussi semblait au bout du rouleau. Après avoir regardé le fameux emploi du temps pour son rétablissement au plus tôt, il devait attendre le mardi, seul créneau que je pouvais enregistrer sur son dossier. J’ai posé mon casque, suis allée voir un chef d’équipe, le mien n’étant pas présent, et lui ai dit que je craquais, que je n’en pouvais plus. A ceci, il m’a répondu « C’est bon, arrête de tout prendre pour toi. Va fumer une cigarette et prendre l’air, ça te fera du bien. » Mais je savais que ça ne suffirait pas, je commençais une crise de spasmophilie. Pour ceux qui n’en ont jamais fait, c’est peut être psychologique, mais c’est douloureux ! Je me suis posée dans la salle de pause totalement vide. Un autre chef d’équipe passe, me voit respirer comme un chien. Il me dit revenir avec les clés de l’infirmerie pour que je m’allonge et que je sois au calme. Ma crise a duré 20 longues minutes, je n’ai vu personne. Il revient 30 min après que j’ai finit et m’explique qu’il m’a oublié car il a trop de boulot. C’est le dernier appel que j’ai eu dans ce boulot minable où on est prit pour de la merde, aussi bien par les clients que par les supérieurs. « Je ne veux pas parler à une vulgaire secrétaire, passez moi votre supérieur. Tout de suite, j’attends. » Ils reprenaient rarement l’appel, nous étions censés être capable de « gérer le client », même quand ce dernier refusait la seule réponse que nous pouvions lui donner. Je me suis mise en arrêt maladie, au bord de la rupture, et envoyée ma démission. J’ai renvoyé mon casque et mon badge par la poste, tant je ne voulais plus jamais y remettre les pieds. C’est là que j’ai compris que la vente est un monde de requin auquel je n’appartiendrais jamais. C’est pas pour moi.

Après deux autres emplois, l’un comme employé familiale avec un enfant de 2 ans, puis 11 mois comme opératrice de saisie dans une mutuelle étudiante, j’ai finit par enfin avoir droit au chômage, j’avais 25 ans. Avec l’aval de pôle emploi, j’ai lancé un projet professionnel, pour devenir assistante sociale. Ce métier convenait beaucoup mieux à ma personnalité et ma manière de travailler. J’ai été reçu au concours en 2010 et ai entamé ma première année, que je réussissais plutôt bien. Mais l’IRTS (institut régional du travail social) d’où je dépendais était catastrophique et, malgré des stages qui se déroulaient parfaitement et où j’avais d’excellentes appréciations des professionnelles, j’ai finit par craquer « pour de vrai ».
La pression inutile, les 50 à 60h de travail que je fournissais par semaine (35h de cours sans heures d’études + dossier à rendre, aussi bien individuel qu’en groupe + lecture diverse très fortement conseillé,…) et des problèmes personnelles sont venus à bout de moi. Là aussi, du grand n’importe quoi. L’un des événements qui m’a le plus marqué, c’est lorsqu’une de mes camarades a fait un arrêt cardiaque en cours. La formatrice lui a envoyé un mail au bout d’une semaine, lui disant que si elle n’était pas capable de prendre soin d’elle, elle devait arrêter la formation. Sans cesse pris pour des enfants, nous devions toujours nous justifier. Si les formatrices se contredisaient, c’était de notre faute. La majorité des cours était fait par des professionnels de la matière étudiée. Seulement 10 à 20% était assuré par les formatrices elle-même. A mon sens, enseigner ça s’apprend. Tu peux être excellent dans ton domaine et nul pour l’enseigner. Si, si, je confirme ! Et je ne vous parle pas des mémoires de troisième année, ni de l’interdiction formelle de chercher nos stages nous même, alors qu’il n’y en avait pas pour tout le monde. Pour la répartition des stages, c’était la folie, en dehors de ceux qui avaient des enfants, c’était premier arrivé, premier servi, réparti dans toute la région. Certains étaient obligés de faire 2-3h de route ou de prendre un logement supplémentaire pour pouvoir aller sur le lieu de stage. A ma connaissance, rien n’a changé à ce jour.

J’ai fait un burn out en 2011, alors que je validais mon année à l’IRTS, qui m’a conduite à 3 hospitalisations la même année et toute la merde qui va avec : obligation de prendre des médicaments pour être prise au sérieux par les médecins, diminution de moitié de mes ressources, isolement, séparation,… Mon enfance m’est peu à peu revenu en pleine face, j’ai tout perdu, à commencer par le peux de dignité que j’avais acquise tout doucement. Depuis, j’ai été diagnostiqué bipolaire de type III. Bipolaire alors que je ne fais pas de phase manique, même les psychiatres ne sont pas d’accord entre eux. Quoiqu’il arrive désormais, je dois accepter que je serais dépressive toute ma vie (je le sens bien, ça revient tout seul, par période) et que je devrais lutter contre des pensées suicidaires, parce que ça remonte à trop loin. Mais surtout, je dois accepter et vivre avec le fait que je suis un cas à part, que même mon propre père refuse de comprendre, et avec ce sentiment que je ne me sentirais jamais comme les autres.
Actuellement, je perçois l’AAH (allocation adultes handicapés) et me fait aider par un service adapté, le Samsah (Service d’accompagnement médico-social pour adulte handicapé), à qui je dois beaucoup. Mon prêt étudiant pour la reprise de mes études est passée en dossier de surendettement et tout ce que je possède tient dans mon 48m². Sur mon dossier MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) il est indiqué : bipolarité, boulimie et phobie sociale. Je souffre d’angoisses fréquemment, surtout quand j’essaie de mettre un pied dans un bus ou que je dois me retrouver avec une dizaine de personnes en même temps. Âgée de 32 ans, beaucoup me dises « mais tu es encore jeune, tu as le temps ». Mais le temps de quoi dites moi ? Le temps de souffrir encore un peu plus ? Ignorer mon mal ne l’effacera pas ! Je continue de me battre sans vraiment savoir pourquoi, voilà bien longtemps que je n’ai plus foi en l’avenir. Je me dis qu’un jour ou l’autre la mort l’emportera et que, ce jour là, je me dirais enfin… Et surtout, je ne sais pas si j’aurais un jour les moyen d’avoir de nouveau une voiture. C’est un luxe aujourd’hui. Pourtant, je voudrais tellement pouvoir aller où je veux, quand je veux, juste ça.

Alors aujourd’hui, puisque je vais globalement mieux, je songe à reprendre une activité professionnelle. « L’assistée » que je suis veut bien travailler, ce n’est pas la motivation le problème. Mais dans quoi ? Que faire après tout ça ? Que faire quand ton esprit te prend au piège et que le monde de l’entreprise aggrave ton état ? Que faire quand on a fait tant de choses en si peu de d’année, et que la quasi-totalité des essais ont échoué ? Comment trouver une place dans un monde où les gens tel que moi, ces malades de la vie, sont regardés du coin de l’œil ? Quelle est ma place dans ce monde de fou où la seule chose qui compte c’est la productivité à pas cher et la flexibilité ? Après tout ça, comment croire que les chosent peuvent s’arranger ? Comment croire mon père qui me dit que travailler m’aidera à aller mieux, alors que c’est le travail qui m’a conduit là ?

J’envisage de travailler chez moi pour devenir assistante maternelle. Étrangement, même au plus mal, les enfants me font du bien. Ils ont un je ne sais quoi dans les yeux. Mais surtout, je n’imagine pas retourner dans une entreprise où je vais être jugé et jaugé en permanence, où l’on va me mettre la pression, où je serais sans cesse évalué et où je devrais constamment faire semblant d’être bien. Je veux travailler à ma façon, à mon rythme et pour quelque chose qui n’est pas éphémère comme un portable ou un burger. Car je pense que je peux faire du bon travail, même meilleur, sans quelqu’un qui regarde sans cesse derrière mon épaule. Je n’ai nullement besoin d’être motivée par un supérieur, j’ai juste besoin que l’on m’explique calmement, que l’on me fasse confiance et qu’on me laisse m’organiser. J’apprendrais beaucoup mieux de mes erreurs, mon expérience me l’a déjà montré. C’est probablement comme ça que je comprendrais ce que signifie avoir confiance en soi.
Travailler chez moi, voilà l’unique solution que j’ai trouvé et si elle échoue elle aussi, je ne pense pas que je le supporterais. Je croise les doigts pour ce projet qui me stresse. Car, comme je n’ai pas d’enfant, il va falloir que je m’équipe et donc que je paie. Et ce n’est pas avec la petite aide de la CAF que je vais m’en sortir pour tout acheter, car tout doit être au norme CE. Alors, une fois de plus, ça sera ceinture côté budget, pour espérer un jour faire quelque chose de ma chienne de vie et, plus que tout, être enfin heureuse de ce que je fais.

Je tiens à remercier chaleureusement toute l’équipe de « On vaut mieux que ça ». Merci à vous d’avoir permis l’expression de ces maux par les mots. La multitude des témoignages m’a réconforté, même si je n’ai pas tout lu. Car même si c’est triste, même si je ne sors pas beaucoup, je me sens moins seule dans mon désarroi professionnel. Merci à tous de me montrer que je ne suis pas la seule à ne plus supporter cet esclavage moderne, ce monde où nous sommes systématiquement pris pour des cons. Merci de me conforter dans l’idée que oui, nous voulons travailler, mais autrement, et certainement pas avec une loi qui favorise les entreprises. Soyons réalistes, la négociation d’entreprise est une rareté que beaucoup n’ont et n’auront jamais la chance de connaître. Une nouvelle fois, nous devons juste nous taire et subir ? Non merci…

 

 

Illustration : CC-By darkday

10 commentaires sur “« C’est bon, arrête de tout prendre pour toi. Va fumer une cigarette et prendre l’air, ça te fera du bien. »

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  1. Je sais exactement de quoi tu parles.
    Que dire?
    Se faire aider des professionnels encore faut-il trouver les bons.
    L’épuisement est certes dû au travail mais je crois que c’est le déclencheur d’un mal plus profond.
    Sans doute que je ne t’apprends rien!
    Je pourrais te faire part de mon expérience très douloureuse mais à quoi bon!
    Courage et fais toi aider!
    Marie

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  2. Témoignage très touchant et malheureusement réaliste pour beaucoup de personnes. J’aimerai tout de même dire que, non, tu ne seras pas dépressive toute ta vie. On peut toujours s’en sortir (je l’ai été moi-même), il faut du temps, du travail a faire sur soi-même et savoir reconnaitre ses valeurs. De ce que j’ai pu lire, tu m’as l’air d’être une belle personne, une belle âme. Certes tu as été écorchée par la vie, brisée même, et quand on voit dans quel monde on vit, ce n’est vraiment pas étonnant, mais je me permets de continuer à y croire pour toi. Ce monde dans lequel on vit , ne te correspond pas, ce monde est tordu, alors que toi tu es tout SAUF tordue. Ton mal-être vient de là. Les gens bien ne se retrouvent pas, sont perdus dans ce monde, et malheureusement ils croient qu’ils ont un problème alors que non, c’est l’inverse. Ce monde a un problème, pas toi. Reconnait tes valeurs, tu sembles altruiste, sincère, généreuse, responsable… et certainement d’autre chose mais je ne te connais pas personnellement pour pouvoir toutes les énumérer. Concentre toi sur tes qualités. Tes problèmes du passé qui t’ont fait des cicatrices, accepte les. Ils appartiennent au passé, maintenant il faut écrire le présent et l’avenir. Sert toi du passé comme une force, d’ailleurs, le passé t’a surement forgé un caractère et une force que tu ne peux soupçonner pour l’instant, car tu es trop  » dans le mal » pour le voir. J’espère sincèrement que tu iras mieux, prend le temps, et je crois en toi. Crois en toi aussi 😉

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    1. Je suis d’accord avec Mag ! Merci pour votre témoignage ! J’ai confiance en vous, ne vous découragez surtout pas, ou ce sont ceux qui vous ont mis des bâtons dans les roues qui auront gagné !

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  3. Bonjour, je sais pas si vous lisez les commentaires, mais merci pour votre témoignage captivant. Vous avez beaucoup de courage, et je vous souhaite le meilleur

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  4. Bonjour,
    bravo pour ce témoignage extrêmement courageux d’authenticité. La Vie n’est pas simple et fait souffrir, tu a déjà rebondi plusieurs fois et tu es toujours là, félicitation. Le suicide, quelque soit sont issus, n’est ni lâche ni égoïste. C’est l’expression d’une souffrance colossale. Je peux en parler car je suis passé par là et c’est peut être la meilleur décision que j’ai prise car elle m’a permis d’aller au bout et de faire un choix. Quand tu es sur un pont, tu ne peux pas reculer soit tu saute, soit tu DECIDES de vivre, je dis bien vivre et non survivre.
    La souffrance n’est pas une fatalité, les peurs s’apprivoisent et toutes les blessures peuvent guérir. C’est ce que j’ai appris grâce à une psychothérapie basée sur l’hypnose et l’EMDR. Quoi que tu ai vécu notre cerveau s’adapte dans un sens comme dans l’autre. L’état de liberté et de joie que chaque être humain à tout au fond de lui, tu peux le retrouver, car ce n’est pas quelque chose qui peut être détruit. Tu peux l’observer dans le sourire de chaque enfant. Je suis passé par là et si c’étais à refaire je le referais. Je ne dis pas que c’est facile mais le jeu en vaut la chandelle, c’est la chose la plus précieuse qu’on a tous au fond de nous.
    Quand au parcour professionnel, peu importe ce que tu fais: j’ai rencontré des ouvriers heureux et des traders malheureux. L’important n’est pas ce que tu possède mais ce que tu es au fond de toi. Si tu ne te rend pas compte de ce qui essentiel dans la vie, tu peux avoir des milliards sur ton compte ou être le/la plus célèbre, ça ne change rien tu restera vide et malheureux.
    Je suis confiant pour toi si tu t’es battu autant depuis tout ce temps, c’est que tu a cette volonté et ce courage. Tôt ou tard tu retrouvera cet état de bien être et comprendra qu’il n’y qu’une seule chose vraiment importante : l’amour sous toutes ses formes : amour de couple, amour amitié, amour enfant/parent et reciproquement, estime de soi.
    Cf : voir le top 5 des regrets des gens qui sont sur leur lit de mort, un des rares moments où toutes les illusions crée par nos sociètés s’éffondrent. Et Trump n’échappera pas à la règle ni les « peines à jouir » qui dirigent le monde ahahahah

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  5. En effet, aujourd’hui Travailler pour quelqu’un et surtout les grands groupes c’est détruire sa santé physique et psychique… déjà que ça ne fait pas plaisir de faire des boulots de merdes qui ne nous interesse pas juste pour vivre mais si en plus il faut tout le temps etre harceler et etre payer des miettes ou allons-nous…
    Nous sommes indispensables à leurs entreprises de merde et non l’inverse, autrefois les multinationales et co n’existait pas, et les hommes se sont débrouillés… là c’est l’esclavage morderne, inutile de courir après les gens pour les faire trimer avec un fouet, aujourd’hui ils viennent pour se faire insulter, humilier et gacher leurs jeunesse et leurs santé car ils n’ont pas le choix… un etre humain à la base doit pouvoir decider au jour le jour de ce qu’il fera, écouter son corps s’il est malade etc, et dans un système comme celui-ci c’est le contrat (qui nous sert de boulet) qui décide à notre place de ce qu’il est bon ou pas bon de faire pour notre corps.

    l’effort physique ne ne fait pas peur, mais c’est ce système de merde qui me dégoute et je le voyais venir au collège, je savais que mon futur consisterait à bafouer mon corps et à servir de larbin toute ma vie avec les critiques et la pression en cadeau… voilà l’objectif de l’école, le formatage de masse… là je vais devoir rechercher un job de merde, pas question de faire du 35h et +. Entre 20 et 30 ça suffira, faut pas déconner, il y’a autre chose à faire dans la vie, je ne vais pas perdre mon temps toute ma vie à faire les memes choses et à me lever avec le stress à l’idée de voir des harceleurs pendant 7 ou 8 heures…

    Et l’autre bon à rien de Macron qui vient dire que les jeunes ont envies de faire davantages d’heures, d’apprendre toute les ficelles de leur métier, que 35h c’est peu… mais mdr le mec il pense que la nuit venue, on reve de l’entreprise, on se voit arpenter les couloirs du magasin par exemple, le sourire aux lèvres ??? des barres, moi je me voit plutot comme un explorateur qui grimpe les montagnes, s’enfonce dans la savane avec une machette, de l’action, du mystère voilà mes fantasmes et c’est pas l’entreprise et mes géoliers qui vont me faire envie lol quel système pitoyable et décadent et il y’a des gens qui se considèrent comme libre ? et ceux sont eux qui se contredisent, j’avais un ami esclave qui se dit etre libre, hors un jour il disait « ma semaine de vacance et finie, demain je vais devoir retourner travailler… » Voilà il en voudrait plus, un homme libre peut en avoir plus seulement un esclave ne peut pas faire ce qu’il souhaite, je ne sait pas si il à réalisé en disant celà qu’il me donnait raison…

    Moi les contrats je les verrais flexibles… grosso modo tu te pointe à l’entreprise quand tu le souhaite et tu fait le nombres d’heures que tu souhaite en fonction de tes gosses, du temps, ta santé etc. C’est l’individu qui doit décider, c’est sa vie, sa famille, son corps… pour le boss ça ne change rien, il payera le total d’heures qu’aura effectué son salarié (pour le coup il est assez libre) à la fin du mois…

    C’est l’Humain qui doit décider ! Aujourd’hui l’esclave de chez Amazon voit sa cadence de travail imposer par une machine !!! mais c’est quoi ça, c’est à l’humain d’imposer la cadence à la machine, la machine ne vit pas, n’a pas d’émotions on ne peut pas comparer ça a un etre vivant…

    C’est une société inhumaine et insensé qui doit vraiment changer car c’est du n’importe quoi, et les jeunes qui arrivent dans la vie d’esclave, sans argent ,sans voiture, sans maison, ils font comment pour payer tout ce bordel ? faire des emprunts qui va les lier à vie à une banque ? sans blague, c’est une société décadente et minable, je ne peut plus la sentir…

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  6. Merci pour ce témoignage, vous n’êtes pas seule et votre courage est juste extraordinaire.

    Je ne sais pas si vous êtes à l’aise avec ça, mais pour votre projet d’assistante maternelle vous pourriez peut-être faire un pot commun https://www.lepotcommun.fr/ pour réunir les fonds nécessaires à l’achat de l’équipement dont vous avez besoin.

    Je vous souhaite le meilleur

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  7. J’ai lu jusqu’au bout, c’est un parcours bien morose :/ mais l’espoir y est présent. Sachez que, même si nous sommes de parfait inconnu, je soutiens (moralement car pas grande autre possibilité). J’arrive à cerner un petit bout de votre parcours dans lequel je me reconnais, même si il n’est pas identique.
    Le coup de la formation qui détruis plus qu’elle ne construis, je connais, je suis en plein dedans, et j’ai hâte d’être à la fin.
    Je vais me permettre un « tout petit résumé » (EDIT: en fait non pas, « tout petit » ^^) de mon parcours pour tenter d’exprimer ma façon de pensé, qui ma permis de me tenir la tête haute en permanence (ou presque ^^ ).
    Je commencerais par mon BTS mécanicien AUTO réalisé en alternance, première vrai confrontation avec le superbe monde du travail. Ça s’est tellement bien passé que je ne supporte plus la mécanique (chef qui te traite comme de la merde, car tu dois être là pour travailler, pas pour apprendre, qui ne paye pas ce qui devrait. Je lui ai d’ailleurs suggère gentiment de donner ce qu’il me devait, paske je suis gentil mais bon voilà), bref du bonheur en barre.
    Mais durant cette galère une idée à germé et si je faisais luthier? Idée qui à fait sont chemin, grandit, mûrit. Je me suis donc embarqué dans une reconversion, et pour ça j’ai demandé l’aide du pole emplois et autre, pour savoir comment me réorienter. Un an, une putain d’année, ça leurs a pris pour me dire que je devais avoir une expérience de travail du bois, pour entrer dans une école de lutherie… Soit ! je trouve un cap ébéniste en 1 an. Cap terminé, je cherche un patron dans la lutherie/ébénisterie/restauration, et comme prévu personne ne veux de moi, car déjà trop vieux. Le temps passe, voilà que mes 25 ans arrive et avec eux la quasi certitude de ne jamais trouver de maître d’apprentissage, ils devrait me payer au smic, impossible pour un artisan de ce milieux.
    Donc me voilà de nouveau sans activité, et « sans perspective d’avenir ». Chouette ^^, en faite pas tant que ça, au début le moral descend au fil du temps, grâce à pole emploi qui met la pression sur la recherche d’emploi, qui me propose des trucs, dont je n’ai que faire et nul envie de faire. A cause des amis qui même sans penser à mal et le faire exprès, te font sentir hors de la norme, pas normal, comme si j’avais un problème.
    Le temps à passé, et mon allocation chômage aussi, maintenant c’est le rsa qui arrive. J’ai du limiter mes frais, mes déplacements loisirs. Heureusement, mes parents sont compréhensif et m’héberge.
    Je ne sais pas à quel moment ça met venu, mais mon état d’esprit a changé, peu être, est-ce à force de rester reclus (il m’est arriver de ne pas quitter la propriété familiale pendant au moins un mois), je ne sais pas trop, mais je me suis mis à voir les chose sous un autre angle. Avec un oeil plus détaché, critique, terre à terre, je dirait même froid.
    Au fil de choses que j’observais, une pensé grandissait : « et si ce n’était pas moi qui avais un problème, mais le système économique tout entier? ». Je ne sais pas comment l’exprimer, c’est comme si j »étais là, immobile et que tout autour de moi, grouillaient, s’affolaient, s’accéléraient, se débattaient des gens, des élus, des entreprises multinational plus pourris les unes que les autres, comme pour éviter de se noyer, pour éviter de crever dans cette abîme qu’est le profits à outrance. Étrangement un sentiment de liberté et de tranquillité sont venu à moi. Je n’avais que peu de revenu, mais j’étais libre de faire ce que je voulais de ma peau (à par lors des rendez vous pole emploi ^^). J’ai profité de cette liberté pour commencer à apprendre des choses (pas l’orthographe désolé :p ), nourrir mon intellect, me cultiver sur des sujets on ne peu plus variés.

    Je suis conscient m’être quelque peu égaré dans mes propos, mais ce que je voulais essayer de dire, c’est prenez du recule sur tous ça, détendez vous, de toutes façon que peu t’il arriver ? Être la rue? se faire défoncer par notre conseillé, être raillé par des gens/amis ? Rien de tous cela n’est vraiment grave, tous peu être résolu avec le temps, la seul chose grave, c’est la mort, c’est la fin de tous pas seulement des soucis, des possessions, de l’argent, des sentiments, de tous ce qui est beau. Il ne faut pas jouer avec, il ne faut pas y pensé comme une issue de secoure, au final ça ne résous rien, à part un retour au néant, un grand plus rien. Certes elle viendra pour chacun d’entre nous (est je suis à l’aise avec cette effrayante idée, peu être cela joue t’il un rôle dans mon cheminement de pensé). La fautive n’est pas la personne qui tente la mort, qui ce fait railler par la société, qui est designer par elle comme un parasite. Les tors sont plus à attribuer à ceux qui refuse de changer de point de vue, ne serrait ce qu’un instant, pour se mettre à la place de la personne « sans activité ».
    Je me dois d’ajouter que la musique fait grand bien (si je n’avais pas ça, je deviendrais probablement cintré ^^), si elle est de qualité est travaillée (pas le mainstream qu’on peu entre à la radio qui est abrutissant et entêtant au fil des écoutes), se poser avec un thé/café/bière/autre consommable, et écouter/découvrir un peu de classique, jazz, rock, electro, hardrock, stoner, et même metal (^^ oui, même pour les profane il existe des groupes qui prennent aux tripes, tel : TOOL et leur album aenima par exemple, je ne fais pas de placement de produits mais partage des petits trucs sait on jamais), le dessin artistique, celui où on laisse aller notre esprit créatif, où on se fait plaisir, est pour moi un autre très bon moyen de détente, de replis sur soit et d’oubli. (que l’on peu jumeler avec le précédent ^^)
    Bon j’arrête là de vous ennuyer promis ^^, j’espère que mon « petit » commentaire à pu être, déjà, compréhensible xD, et à su exprimer ma pensé (et qui sais peu être a t’il aidé, se serrai bien)

    Cordialement
    Un geek metalleux m/

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  8. Bonjour,
    Je te conseille vivement de voyager. Il y a un type de bénévolat qui s’appelle VSI qu’on peu faire à tout age et dans beaucoup de pays et qui peux être payé ou des frais pris en charge. Voyager aide vraiment à beaucoup de choses et j’espère que ça pourra t’aider.
    Bon courage
    Et oui le monde de l’entreprise est POURRI!!!

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