On m’a collée devant une classe sans formation pédagogique

Enseignante en lycée technique agricole pendant 5 années, des choses, on en voit nous aussi. Je suis ingénieure de formation, et deux jours après ma soutenance de fin d’étude, on me collait devant une classe… qui ne m’avait pas choisie, que je n’avais pas choisie, pour laquelle je n’ai jamais reçu la moindre formation de base en psychopédagogie.

J’ai découvert sur le tas le métier, dans une matière dont j’ignorais l’existence. En lycée professionnel, c’est vite un problème : je me suis retrouvée à encadrer des jeunes de 15 à 19 ans en travaux pratiques, utilisation sur chantier de matériels type débroussailleuses, tronçonneuses, tractopelles… alors que je sais moi-même à peine m’en servir… Au détriment de toute sécurité donc.

En voyant les conditions, j’ai rempli les nombreux formulaires nécessaires pour obtenir des formations en pédagogie, déjà, dans la matière que j’enseignais, ensuite. Une bataille sans fin pour ne pas obtenir ces formations. J’ai finalement refusé d’encadrer les travaux pratiques, les conditions de sécurité minimales ne pouvant être remplies de par mon ignorance.

A partir de là, mes rapports avec la hiérarchie se sont transformés en une surenchère d’emmerdements plus mesquins les uns que les autres. Des heures entières, toutes mes soirées, tous mes week-ends y ont été consacrés. Entre ces relations difficiles au lycée et le regard des gens sur le métier d’enseignant, la vie n’était vraiment pas aisée.

Aujourd’hui, j’aime enseigner, vraiment. Donc j’ai quitté le milieu scolaire. Les conditions de travail qu’on nous y impose sont tout sauf bénéfiques aux jeunes. Et tant que je ne serai pas en mesure de construire une solution moi-même, ou de participer à une initiative intéressante en ce sens, je me refuse à enseigner de nouveau.

Mais que faire ? Et ce n’est pas une blague : un enseignant qui souhaite revenir travailler dans le privé, ça ne vaut rien. Impossible de décrocher le moindre entretien. Malgré les diplômes. Les explications sont toutes plus alambiquées les unes que les autres. Parfois honnêtes : « Vous savez, après 5 ans d’enseignement, vous ne serez pas assez technique ! ». Hum… mais si je ne le suis pas, moi qui forme les jeunes pour qu’ils le deviennent, techniques, alors qu’attendez vous de ces formations ? Si vous imaginez que je leur apprends à conduire un tracteur en lisant un livre !!!

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